Les TPE toujours dans la nasse en 2014 et une année soldée par des destructions d’emplois
La 57ème édition du Baromètre des TPE, l’enquête de conjoncture trimestrielle réalisée par l’IFOP pour Fiducial auprès des Très Petites Entreprises, fait encore état d’une forte fragilité des entreprises qui continuent de détruire des emplois pour assurer leur pérennité. Pour autant, elles enregistrent un léger regain de confiance dont on ne sait pas s’il sera durable tant la situation reste délicate. Seule certitude, 2014 aura été moins mauvaise que 2013. Dans le même temps, les patrons sont mitigés face à la loi Macron et anticipent un faible impact économique du fait des attentats du mois de janvier.
Sur le dernier trimestre 2014, 13 % des entreprises ont recruté (il faut remonter au 3ème trimestre 2013 pour retrouver un tel niveau d’embauche), dont 6 % de création de postes. Mais cette embellie est contrecarrée par une suppression de postes dans 8 % des entreprises. Résultat, la création nette d’emplois* s’établit sur cette période à -2 contre -0,5 anticipé au mois d’octobre.
Avec une situation qui continue de se dégrader depuis le 2ème trimestre 2013, jamais le baromètre n’aura enregistré depuis sa création une aussi longue période de destructions d’emplois. Sur 2014, 19 % des employeurs ont diminué leur effectif contre 11 % qui l’ont augmenté.
Si les patrons de TPE anticipent une faible reprise (+1) de l’emploi au 1er trimestre 2015, seuls 9 % envisagent de créer des postes pérennes au cours de l’année. 85 % des entreprises pronostiquent une stabilisation de leur effectif. En parallèle, les dirigeants sont 2 % à penser qu’une baisse du chômage aura lieu en 2015. Au contraire, ils sont 60 % à estimer qu’elle n’aura lieu qu’en 2018 voire plus tard, soit au moins un an après la fin du mandat de François Hollande qui s’est fixé 2017 comme objectif pour inverser la courbe.
Après avoir battu des records de pessimisme en octobre 2014 (score le plus bas enregistré depuis la création du baromètre), les patrons de TPE expriment un léger regain d’optimisme en ce début d’année 2015. Bien qu’encore minoritaires, ils sont 27 % à être optimistes sur le climat général des affaires en France (+15 points) et 46 % dans leur propre activité (+7 points).
Ce regain d’optimisme se répercute dans la confiance accordée au gouvernement Valls (+6 points en trois mois) même si à 24 % d’opinions positives, la méfiance reste de mise.
Sur l’ensemble de l’année 2014, 52 % des entreprises ont connu une croissance de leur activité dont 21 % ont enregistré une croissance supérieure à 2 %.
Jean-Marc Jaumouillé, Directeur des techniques professionnelles de Fiducial, souligne : « Malgré une inflation nulle (+ 0,1 % pour 2014, contre + 0,7 % en 2013), plus de TPE ont enregistré une croissance de leur activité en 2014 qu’en 2013. Certes l’hémorragie a été stoppée, mais c’est insuffisant pour redynamiser l’économie des TPE. Elles sont encore trop nombreuses à constater un recul de leurs ventes et la croissance des autres entreprises ne leur permet pas de reconstituer correctement leurs marges ».
L’indicateur de situation financière** demeure largement négatif (à -23) au dernier trimestre 2014 et 28 % des dirigeants jugent toujours préoccupante la situation économique de leur entreprise. Un quart des TPE (24 %) ont une trésorerie dans le rouge et 46 % à l’équilibre, un niveau qui ne permet pas d’affronter le moindre aléa ou un repli des ventes. L’accès au financement est lui aussi plus difficile : 58 % de ceux ayant effectué une demande déclarent avoir subi au moins une mesure de durcissement de l’accès au crédit
La loi Macron, qui va désormais être examinée par le Sénat, divise les patrons de TPE : 50 % y sont favorables (5% très favorables) contre 50 % qui y sont défavorables. En parallèle, ils sont 55 % à estimer qu’elle ne changera rien à la situation économique française, 32 % qu’elle va dans le bon sens mais pas assez loin et enfin, 8 % qu’elle met en péril les équilibres économiques, sociaux et sociétaux.
Dans le détail des principales mesures, ils jugent efficace :
A l’exception de l’attractivité touristique de la France qui risque d’être fragilisée, la majorité des patrons de TPE n’anticipe aucun effet positif ou négatif des attentats de janvier sur l’économie. Au niveau des potentielles répercussions, les chefs d’entreprise prévoient :
- 56% une baisse de l’attractivité touristique ;
- 37 % une perte d’attractivité économique de la France avec une baisse des investissements étrangers ;
- 33 % une augmentation des déficits publics.
- 32 % une baisse de la consommation à court terme ;
- 31 % un impact négatif sur la croissance ;
Autres effets : ils sont un tiers (34 %) à anticiper un impact positif sur l’envie de consommer des produits « Made in France » et 49 % sur les dépenses d’équipements de sécurité et de protection.
Au plan microéconomique, sur le quart des petits commerces qui ont organisé des soldes en janvier, une majorité a enregistré une baisse du nombre de visiteurs et du montant des achats. Moins de 10 % des dirigeants concernés attribuent ces mauvais résultats aux attentats. Pour la très grande majorité d’entre eux, la baisse des ventes s’explique par les tensions sur le pouvoir d’achat.
Depuis le 1er janvier 2015, les entreprises sont tenues d’ouvrir un compte pénibilité pour tous les salariés exposés à des risques sur la base de quatre critères. Pourtant, sept patrons sur dix (71 %) admettent ne pas en avoir connaissance. Si 29 % des employeurs estiment leurs salariés concernés, 27 % déclarent ne pas être suffisamment informés pour se prononcer.
Signe du manque de préparation des TPE concernées, 49 % estiment que leur entreprise sera en mesure de mettre en place le compte pénibilité et seulement 12 % ont déjà instauré une fiche pénibilité.
* création nette d’emplois : différence entre les créations et les suppressions de postes.
** indicateur de situation financière : % des TPE constatant une amélioration de leur situation financière par différence au % de celles enregistrant une dégradation.
Méthodologie de l’Etude :
Echantillon de 1 002 dirigeants de TPE de 0 à 19 salariés (hors auto-entrepreneurs), raisonné sur les critères secteur d’activité de l’entreprise, taille de l’entreprise, région d’implantation de l’entreprise et interrogé par téléphone du 26 janvier au 9 février 2015. Des résultats nationaux représentatifs : redressement selon les données INSEE pour la meilleure représentativité de cette composante du tissu économique français.
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