Baromètre des TPE n° 64 : une reprise économique brisée dans son élan

29/11/2016

Le baromètre des TPE aborde également le regard des patrons de TPE sur l'immigration et la sécurité


Paris, le 30 novembre 2016 – Le Baromètre FIDUCIAL des TPE, l’enquête de conjoncture trimestrielle réalisée par l’IFOP auprès des Très Petites Entreprises, fait état d’une situation économique qui se dégrade à nouveau, accompagnée d’un regain de pessimisme.

Tout au long de cette année pré-électorale, le baromètre propose des études sur des sujets considérés par les 3,2 millions de dirigeants de TPE comme des enjeux de la prochaine campagne présidentielle. Après deux études consacrées aux inégalités et à la précarité, et à la fiscalité, celle de ce trimestre porte sur l’immigration et la sécurité.

Coup d’arrêt à la reprise amorcée il y a 3 mois  

Le trimestre dernier avait connu un rebond significatif des indicateurs de conjoncture. Il n’en est plus rien. L’optimisme des patrons pour la situation en France (28 %) recule de 4 points. Avec 12 % de confiance, le gouvernement Valls atteint son plus bas niveau historique depuis la création du baromètre.

En cause, une dégradation des indicateurs économiques. La situation de trésorerie des TPE se détériore : 26 % des dirigeants interrogés déclarent qu’elle est négative, en hausse de +5 points par rapport au mois de juillet. L’indicateur de situation financière*, qui mesure l’écart entre le pourcentage des entreprises ayant constaté une amélioration et celui des TPE ayant enregistré une dégradation, perd à nouveau 3 points, pour s’établir à -17.

Seule la création nette d’emplois** ressort positive à +0,5 point. Néanmoins, ce boni ne permet pas de couvrir les disparitions de postes des entreprises ayant cessé d’exister.

L'immigration et la sécurité

Immigration : une perception très contrastée  

Pour 82 % des chefs d’entreprise, la question de l’immigration sera importante dans la campagne pour l’élection présidentielle de 2017. A titre personnel, 63 % déclarent y porter un intérêt et pour 53 % elle aura un impact important sur leur vote.  
Les avis des petits patrons sur l’immigration sont très partagés :
-    51 % déclarent que les immigrés sont trop nombreux en France contre 47 % qui pensent le contraire.
-    57 % se disent inquiets face à la question de l’immigration contre 43 % qui ne le sont pas.
-    49 % sont favorables à ce que l’espace Schengen ferme ses frontières aux migrants contre 49 % qui y sont opposés.

En revanche, ils militent en masse à 80 % (sauf chez les sympathisants du Front National) pour une politique européenne de l’immigration commune à tous les pays de l’Union.

Jean-Marc Jaumouillé, Directeur des techniques professionnelles de FIDUCIAL : « Pour expliquer cette crainte de l’immigration, les patrons avancent comme principal argument les différences culturelles et religieuses et la mise en péril sous-jacente de notre modèle culturel. Ils la motivent aussi par l’échec d’intégration. 69 % estiment que la France n’a pas réussi à intégrer les personnes immigrées et la population issue de l’immigration depuis un demi-siècle, et ce d’abord par manque de volonté politique en la matière (43 %) ».

 

Les raisons principales de l’inquiétude face à la question de l’immigration  

 

 Raisons expliquant que la France n’ait pas réussi à intégrer les immigrés et la population issue de l’immigration

Des patrons satisfaits des travailleurs d’origine étrangère

46 % des TPE employeurs salarient actuellement, ou ont salarié, au moins un travailleur immigré n’ayant pas la nationalité française. Ce taux monte à 69 % dans l’hôtellerie restauration (France métropolitaine) et à 66 % en région parisienne (toutes activités confondues).

L’Europe est naturellement la zone géographique où les recrutements sont les plus fréquents, surtout au sein de l’Union Européenne (28 %), mais aussi, pour 12 %, dans les autres pays européens. L’Afrique constitue également un vivier de recrutement, qu’il s’agisse de l’Afrique du Nord (22 %) ou des autres pays d’Afrique (15 %).

Dans 82 % des cas, les patrons concernés considèrent que l’emploi de ces travailleurs d’origine étrangère est, ou a été, une expérience positive. Ces salariés enrichiraient les relations et les méthodes de travail (69 %). La moitié des patrons (51 %) met également en exergue leur apport en termes de créativité et d’innovation au sein de l’entreprise.

Invités à évaluer les qualités comparatives des travailleurs français et des travailleurs immigrés, plus des deux tiers des dirigeants interrogés considèrent qu’elles sont identiques (de 67 % à 73 % selon les items testés) : compétences techniques, organisation, esprit d’équipe et d’entreprise, sens de l’initiative, respect de la hiérarchie.

Une majorité des employeurs (58 %) souligne la nécessité d’un suivi et d’une formation plus développés lors de l’intégration de ces salariés.

Sécurité : des patrons préoccupés et équipés

Plus encore que l’immigration, la sécurité est une question qui intéresse personnellement une forte proportion de dirigeants de TPE (73 %), et qui constituera un critère de choix au moment de leur vote (64 %). 38 % des dirigeants de TPE associent le thème de la sécurité avant tout à la menace terroriste.

De nombreux patrons de TPE déclarent avoir subi à une ou plusieurs reprises au cours des dix dernières années, dans le cadre de leur vie privée (74 %) et dans leur entreprise (59 %), des menaces verbales, un cambriolage, un vol, un piratage informatique et/ou une agression physique.

Malgré tout, l’inquiétude concernant les risques en matière de sécurité pour leur entreprise est relativement faible (21 %). Pour faire face à ces risques, les trois quarts des dirigeants de TPE (74 %) possèdent au moins un équipement spécifique pour protéger leurs salariés et leurs moyens de production.

Une alarme est présente dans 42 % des TPE. Des grilles de protection (36 %) et des portes ou vitrines blindées (25 %) prémunissent les entreprises contre les intrusions malveillantes et le vol. Un quart des TPE est placé sous surveillance vidéo. 12 % des TPE sont protégées par un chien de garde et seulement 3 % emploient un vigile.

Sur le plan informatique, les dirigeants de TPE se révèlent particulièrement inquiets s’agissant de la possibilité qu’un virus informatique détruise leurs données (69 %) ainsi que par le risque de vol des codes bancaires (67 %) et des mots de passe (59 %).